Ces oiseaux m’irritent et je m’entends bientôt penser tout haut. Qu’ils s’agglutinent sans moi par dizaines de milliers dans les villes, cette bande de crétins mimétiques, qu’ils se réchauffent les uns contre les autres et à la chaleur artificielle des hommes qui leur permet de ne plus migrer vers des pays sans hiver. Moi, je quitte la cité, je pars au désert. Fini de me faire marcher sur les pieds dans le métro, fini de me faire insulter sur internet, je roule seul et libre au cœur de la campagne française. C’est la voix de la Terre qui parle en moi, me dis-je au comble du lyrisme, celle de la douceur et de l’harmonie perdue. Au cœur de l’Hexagone, loin de tout, je respire enfin à pleins poumons dans mon monospace diesel. Je suis d’ici, je reste là. Mes ancêtres paysans ou chevaliers. Fiers défenseurs de la loi de Dieu, de la tradition et des ancêtres. De la douce répétition du même. Mais artisans ou ingénieurs aussi. Fiers bâtisseurs de la France d’antan. Fille aîné de l’Eglise. Je veux me mettre à leur diapason, à leur école. Fiers, fiers !
"Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin." Charles Péguy
08/12/2009
Les immigrés, les ploucs et moi
Ces oiseaux m’irritent et je m’entends bientôt penser tout haut. Qu’ils s’agglutinent sans moi par dizaines de milliers dans les villes, cette bande de crétins mimétiques, qu’ils se réchauffent les uns contre les autres et à la chaleur artificielle des hommes qui leur permet de ne plus migrer vers des pays sans hiver. Moi, je quitte la cité, je pars au désert. Fini de me faire marcher sur les pieds dans le métro, fini de me faire insulter sur internet, je roule seul et libre au cœur de la campagne française. C’est la voix de la Terre qui parle en moi, me dis-je au comble du lyrisme, celle de la douceur et de l’harmonie perdue. Au cœur de l’Hexagone, loin de tout, je respire enfin à pleins poumons dans mon monospace diesel. Je suis d’ici, je reste là. Mes ancêtres paysans ou chevaliers. Fiers défenseurs de la loi de Dieu, de la tradition et des ancêtres. De la douce répétition du même. Mais artisans ou ingénieurs aussi. Fiers bâtisseurs de la France d’antan. Fille aîné de l’Eglise. Je veux me mettre à leur diapason, à leur école. Fiers, fiers !
01/12/2009
Romantisme réactionnaire 2
Pour les écran-travailleurs, transportés par la passion numérique, on dirait qu’il n’y a plus de lieu, plus de temps, plus de corps, sinon le leur, le dos courbe, les jambes en trop, tout en trop sauf les yeux et les doigts, en attendant, rêve que la technologie ne manquera pas de réaliser bientôt, de pouvoir actionner leur machine avec leur seule volonté.
Couples parfaitement autonomes, parfaitement indifférents à mon regard oblique qui se pose sur eux depuis mon banc public. Pourquoi tant d’attention portée à un simple objet et tant d’indifférence à l’égard de nos semblables. Une hypothèse ? Mensonge romantique. Avec notre ordinateur au bout des doigts nous projetons de nous affranchir enfin des souffrances de l’hétéronomie, de l’incomplétude que manifeste pour notre plus grande honte notre désir d’autrui. Promis, juré, avec le numérique, le désir sera obsolète à force d’accomplissements enchanteurs. L’ordinateur c’est la burqa des athées et des chrétiens, et des autres aussi. Grâce à lui, chacun s’affranchit de l’embarrassante présence d’autrui. Je suis là, mais je suis occupé ailleurs. Comme la femme en burqa nous rappelle à chaque instant son appartenance inaliénable et fusionnelle à un autrui qui n’est pas nous, à un monde qui nous échappe, qui nous est parfaitement étranger. Stratégies de la vanité. Ma machine ou ma burqa m’appellent où je ne suis pas, car j’appartiens à un monde qui n’est pas le vôtre, autrement plus intéressant que le vôtre. Ma présence physique parmi vous est une erreur. Ne suis-je pas fascinant ?
Mais les menteurs romantiques sont les dupes de leur propre mensonge. Sont-ils vraiment les propriétaires de la machine qui les fait travailler et qui les modèlent ? Malentendu fatal. Pauvre de moi qui pense posséder ce qui me possède. Nous sommes des possédés. Regardons-nous : ces regards fiévreux, tout entier happés par leurs machines, ce sont les nôtres. Un spectre amoureux de spectres, ecce numerico homo.
J’y pense sur mon banc : les ventes de micro-ordinateurs ont doublé en X années, sans parler de celles des téléphones portables et des consoles de jeux vidéos. Combien d’écrans chez moi, dix, quinze, impossible de compter. Que se passe-t-il face à nous, très littéralement sous nos yeux ? Là où il y avait des hommes, il y a des écrans, là où il y avait des voix, il y a des cliquetis. Je n’appartiens plus au lieu dans lequel je me trouve, je suis un nomade, je n’ai personne à qui parler, sinon le vaste monde d’internet qui est le vrai monde, mon vrai monde à moi, contrairement à celui qui m’entoure qui est monde factice, un monde méchant, un monde de compromissions, complexe et sale. L’Ailleurs est ma patrie, Autrui numérisé mon alter ego, mon amoureux secret.
Grâce à l’écran nous ne sommes plus là, simplement là, être imparfaits et désirants, quémandant à autrui l’aumône d’un regard ou d’une marque d’attention. Notre corps qui se refuse à disparaître avec nous est un traitre à notre propre cause. Nos regards involontaires et nos émotions nous trahissent parfois eux aussi. C’est ainsi qu’un type entre deux âges, brun, un peu rougeaud, très terroir, d’ascendance auvergnate peut-être et affublé en conséquence d’un maillot de l’équipe de football londonienne d’Arsenal, lève les yeux de son écran et croise soudainement mon regard, puis détourne vivement les yeux. Cet échange inattendu me met vaguement mal à l’aise, et je me lève brusquement, passe enfin mon chemin.
26/11/2009
Romantisme réactionnaire 1
03/11/2009
22/10/2009
Fiction de travail
14/10/2009
A l’ère de l’unanime onanisme
07/10/2009
La castration chimique est-elle un humanisme?
Une excellente question n'est-ce pas, à laquelle je tente de répondre ici.
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29/09/2009
Enfin, m'enraciner?
Je me souviens d’un lieu que j’aimerai encore
Quand depuis bien long temps ce monde sera mort
C’est un pays sans Dieu ni place de l’Eglise
On y longe des murs de longs jardins sans joie
Nulle âme n’est tant humaine qu’elle s’y hasardera
Avant que vienne l’heure de nos peines remises
Un lourd pays sans charme est ma patrie terrestre
Je l’appelle la France elle s’appelle banlieue
Malgré le bruit du monde et la foule mauvaise
Il arrive parfois que je m’y trouve heureux
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Voudrait l’étreindre là, chaque jour elle s’échappe
Ce sol insaisissable nul arbre n’y verdit
Ce ciel est étouffé et ces astres maudits
Et ces nombreux rituels toujours plus délétères
Et ces vains dieux si jeunes tuent celui de mon père
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Quand vais-je m’adoucir ?
Enfin, m’enraciner ?
28/09/2009
After l'Histoire
Lecteurs,
Cette époque, comme toutes les autres d'ailleurs, a ceci d'intéressante que, par son absurdité, elle offre à l'oeil curieux un véritable terrain de jeu.
Cet espace - temps, qu'est celui de la post-post modernité, permet à l'esprit averti de s'exercer à ce pour quoi il est fait :
Observer, analyser, critiquer et - réflexion souvent mûrement faite - d'asséner des conclusions, qui ne souffrent pas la contestation et se veulent définitives."
Voilà ce que je me suis dit, en marchant dans la rue et en observant mon prochain.
Je sortais de l' hôpital, où ma fille se trouvait.
J'avais le coeur gros d'avoir eu à la laisser, entre d'expertes mains, qui n'étaient pas les miennes.
Dans la rue, en quittant ce lieu de Vie et de Mort, j'ai réalisé que les gens que je croisais me paraissaient préoccupés et ternes d'ennui :
La constipation du chien ou l'arrivée du rappel fiscal minait tout Paris, et sa banlieue élargie ?!...
Voire la France...
J'aurais aimé avoir le courage de prendre le premier venu dans mes bras, malingres et fatigués, pour lui déclarer à quel point j'étais heureux d'être père.
Ce qui me restait de pudeur m'en a empêché.
Comme je n'étais plus que l'ombre de moi-même, j'ai décidé de marcher.
Avec, en tête et chevillé au corps et à l'âme, le visage, doux et aimable de ma femme et celui, naïf, simple et beau, de ma fille.
Cette époque est fantastique de bêtise...
Tandis que je me dirigeais vers la ligne 6, une dame, la soixantaine mal assumée, je veux dire par là, string apparent, jean moulant, E-pod à donf, m'a accosté, pour me tenir les propos suivants :
"Saluuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!!!!!!!!!!!! Tu sé pa ouêsqu' ilyôôôrrraaiiiiiii unnne aftereuuu ???"
Et de gesticuler, stupidement, du haut de ses soixantes ans, en exécutant de petits pas de danses ridicules, pour se sentir enfin, jeune, libre dans son corps et dans sa chair, de faire tout et tout et tout....
Bien que fils de soixante huitard, je m'estime suffisamment bien élevé pour répondre, poliment, aux passants qui passent, sans faire d'esclandre.
Mais, permettez moi de rester coi et de ne savoir que répondre.
Je suis resté interdit.
Mon passéisme courtois a eu l'air de l'importuner.
Mais juste un instant.
Ces gens ne reculent devant rien...
Il me semble avoir murmuré, un vague : " Je ne sais pas. Madame."
Comme elle n'avait rien à foutre de ma réponse, elle a hoché de ce qui lui restait de chef, pour aller cuver sa misère festive, plus loin.
Ligne 6, enfin. Ligne 6 rimant bien évidemment avec Maison.
Mais - Dieu aime à m'éprouver -, la connasse me suivait, en gesticulant et en babillant :
" Eeeehhhhhh Meec !! : T'es pas coooolll ! !!! Ch'teu parle et tu ne me captes pas !!!"
Je suis resté, sans voix.
Car, en effet, que faire, lorsque vous êtes en présence d'une imbécile, qui ferait mieux de rentrer chez elle et se consacrer à l'exercice de la sagesse, plutôt que de se considérer comme une éternelle poupée barbie?
Et bien, face à comportement aussi curieux...
Et bien, l'on ne fait rien.
On se contente de soupirer et de penser à sa femme, sa fille et le sens de la famille.
On pense au joli sourire de sa fille et, déjà, plus rien ne compte que ce magnifique instant.
La Poufiasse "huitarde", comme on la qualifie, est déjà loin.
Il reste ma femme et ma fille.
Et toute cette BEAUTE!
24/09/2009
Papaïsé!
14/09/2009
Terre de France

Quand saurai-je dire enfin
Ce cœur qui doucement m’étreint
Lorsque, comme malgré moi je pense
A la terre de France ?
Qu’est-il ici de mystérieux
De sombre et de lumineux,
Qui donne formes humaines
A ces hêtres et ces chênes ?
(Serait-ce toi mon Dieu ?)
Seul mon jeune élan bientôt mort
Chaque nuit, chaque jour,
M’entraîne encore
Par le bitume du faubourg.
Maintenant je veux que la pluie me frappe
Que plus jamais je ne m’échappe
Puisqu’encore et encore je pense
A la terre de France.
Aujourd’hui je veux que mes pensées s’enfoncent,
Qu’elles soient dans le sol profond
Sauvegardées comme des données
Si demain toujours je pense,
A la terre de France.
Mais sans doute est-il obsolète
Ce délicieux frisson un peu bête,
Qui souvent me prend
Lorsque, comme malgré moi je pense
A la terre de France.
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09/09/2009
En hommage au maître oublié

05/09/2009
Ode à l'Avenir
Bouger avec son temps
Et avec La Poste.
Le désastre de la culture, c'est rien que des racontards!
La fin de l'Histoire, c'est rien que des bobards!
Pour les jobards!
On les laissera pas gâcher la fête!
Fêtons en SMS
L'avènement de la nouvelle Messe
Qui dit du bien de nos fesses!
Félicitons-nous en texto
de nous voir si beau
dans la plupart des vidéos
qu'on voit sur internet!
Dites non, non et non avec moi
Au franco-franchouillardisme,
Et oui, oui, oui
Au mondialo-mondialisme.
Allons au devant de l'Avenir
Qui nous appartient,
Et même au-delà.
Offrons-lui notre bénédiction
De peur qu'il ne se fâche
Ou pire qu'il nous ignore.
C'est que l'Avenir
Faut qu'j'vous dise,
Lui et moi,
On est comme cul et chemise!
D'où il se trouve
Il me sussure
Qu'il nous trouve bien frileux,
Et très recroquevillés.
En un mot, ringards!
Que la grippe A
Et la crise,
Et le réchauffement,
Et la fin du monde,
Et tout ça,
C'est que des trucs inventés
Par des vieux réacs
Pour nous faire croire
Qu'en Lui il faut plus croire.
Mais mon Dieu est en moi!
Et je suis en Lui!
Et pour rien au monde
Ces vils démons d'antan
Auront raison de Lui!
20/08/2009
Vous mes mains ne vous ouvrez pas

Que faire de mes mains ? N’est-ce pas une question qui hante l’Humanité depuis la nuit des temps ? Lorsqu’il s’est relevé l’animal humain a libéré une puissance presque divine puisqu’il pût bientôt saisir et manipuler le monde à sa guise, et consommer ce que naguère encore il n’aurait jamais pensé pouvoir consommer.
« La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea ».
Ce fut la première faute de l’Humanité aux yeux de Dieu et, surtout peut-être, aux yeux de l’Humanité elle-même. L’Homme et
Vers le début du XXe siècle en Occident, l’Humanité est progressivement et rapidement sortie de sa condition paysanne.
Et les mains dans tout ça ? Que va-t-on en faire maintenant qu’il n’est plus nécessaire de les plonger dans la glaise ? Je me tiens aujourd'hui sur la place publique, debout et tellement fier de n’être plus le péquenot qu’était encore hier mon vieux père. Ma tête est droite, mes yeux ne sont plus tournés vers le sol, la glaise a heureusement disparue sous le bitume. Mais comment vais-je occuper mes mains autrefois maudites ? J’ai pas l’air un peu con, par hasard, perdu au milieu de la foule des affranchis, les bras ballants, le regard vide? Que faire de ces deux pognes inutiles ? Vais-je enfin les tendre vers le ciel dans une supplique ardente pour sauver mon âme ? Je plaisante. Vais-je soulever des altères ? Faire des pompes ? Jouer au tennis ? Me masturber ? Comme ça, au milieu de tout le monde ?
Commençons par fumer une clope et lire le journal. La généralisation de l’usage du tabac et de la lecture des journaux, comme une conséquence de la fin de l’agriculture ? Et pourquoi pas ? Ne vous êtes-vous jamais vu allumer une cigarette sous le regard d’autrui, seulement pour vous donner une contenance, pour occuper vos mains désœuvrées? Ne vous êtes-vous jamais vu acheter, ouvrir, serrer nerveusement, et même, plus rarement sans doute, lire un journal, seulement dans le but de ne pas laisser votre regard errer, pour ne pas laisser vos mains dangereusement inoccupées, honteusement disponibles, se déployer sans but sur la table d’un café ? Mais l’usage de la cigarette et du journal était un mode de gestion de l’épineux problème ontologique posé par nos mains fort imparfait. La première tue souvent, et le second rend bête parfois. Il fallait trouver autre chose. Et voilà qu’ont déboulées les machines : baladeurs, téléphones portables, ordinateurs. Les mains plus jamais vides, le regard plus jamais creux, les oreilles toujours bouchées. Donne-nous aujourd’hui nos octets quotidiens. La post-humanité veut paraître toujours concentrée, toujours occupée ailleurs. Tout plutôt que d’être là tout simplement, ici et maintenant, paumes ouvertes, inutile et disponible pour autrui et le Seigneur. Il n’y a qu’à la messe qu’on ouvre les mains pour recevoir (le Christ) plutôt que pour s’approprier (le monde). Il faut toujours tripoter, toujours toucher, toujours manger les fruits de l’Arbre internetique de la connaissance virtuelle. Je consomme et j’avale le monde grâce aux machines. Je tapote mon clavier et je stocke. Je manipule ma souris, le monde est enfin devenu aussi malléable que je l’avais toujours désiré !
Tout m’est possible dans le monde virtuel. Mes mains s’approprient et même façonnent ce monde à ma guise. Je ne vois, n’entends et ne fais que ce qui me plait. La promesse du Serpent, que l’Humanité n’avait bien sûr jamais oubliée, paraît s’accomplir enfin. Nous voici comme des dieux ! Plus besoin de clopes, plus besoins de journaux pour masquer notre misère spirituelle. Voilà comment ces deux passe-temps disparaissent du paysage de nos villes en même temps que nous paraissons enfin, grâce aux machines, triompher des limites de notre condition même.
Mais voilà aussi que parmi les rires et les chants, j’entends des dents qui grincent et des gémissements. La peine et la souffrance au pays joyeux des enfants heureux ? Comment est-ce possible ?
Devant mon écran, du plus profond de mon sommeil spirituel, j’entends maintenant le Serpent qui me susurre d’une douce voix discrètement triomphante, « Homme, qu’as-tu fait du don de l’Incarnation ? ».
(1) Oui sans doute, mais où ?
(2) Oui sans doute, mais où ?
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