"Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin." Charles Péguy

14/03/2008

La glaçante actualité de Joseph Conrad

Dans son roman L'Agent secret, Conrad met en scène un pitoyable espion qui pour complaire à ses maîtres finit par se résoudre à organiser un attentat dont son beau-frère, un handicapé mental, est l'exécutant innocent et l'unique victime.
Badgad au début du mois dernier connut un double attentat, dont il apparut rapidement que les deux principales protagonistes, qui périrent sur le coup, étaient deux femmes handicapées mentales instrumentalisées à distance par d'obscurs criminels.
L'ignominie de ces actes qui firent plus de cent morts fut à peine commentée. On préféra plutôt voir dans ce raffinement de cruauté et de cynisme un mensonge de plus de l'armée américaine. Voici comment aujourd'hui une paranoïa ritualisée alimente un refus de voir la vérité en face.
Grâce à Joseph Conrad, se confirme le cliché selon lequel la réalité souvent dépasse la fiction. Et de loin.
Mais, comme si l'abomination de ces actes ne suffisait pas, il faut que l'époque y superpose sa signature. A l'abomination nous ajoutons le déni de cette abomination. C'est ainsi que nous nous empressons aujourd'hui de recouvrir cette réalité d'une fiction lénifiante : on nous ment. Si seulement!