"Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin." Charles Péguy

27/03/2008

Du relativisme culturel, de Villiers-le-Bel à Lhassa

On mesurera les progrès simultanés de la propagande chinoise et du relativisme culturel institutionnalisé dans la réponse du ministre-conseiller Qu Xing à la suggestion de Jean-Pierre Elkabbach d'autoriser l'envoi d'une mission de l'ONU à Lhassa. "Et pourquoi pas à Villiers-le-Bel?" Oui, pourquoi pas? Le journaliste a eu beau se récrier en affirmant que les deux situations n'avaient rien de comparables, les dénonciations rituelles de la discrimination dont sont victimes les Tibétains là-bas, les Maghrébins ici, nous amènent effectivement à penser avec le ministre-conseiller Qu Xing, qui n'a pas fait ses études en France pour rien, que les droits des minorités ne sont pas mieux respectés ici que là-bas, et que la France n'a pas de leçon de droits de l'homme à donner à qui que ce soit, fût-ce une dictature (car ne vivons-nous pas, selon certains parmi les plus acharnés à défendre ici les droits éternellement bafoués des minorités, une période de restauration d’un « pétainisme transcendantal » propre à la France dont l'horreur vaut apparemment bien celle du capitalisme rouge et colonisateur de Pékin?).
Comme Durban I l'a prouvé, comme les prémices de Durban II l'indiquent, nous sommes aux temps de l'instrumentalisation par les pires régimes de la planète du thème des droits de l'homme contre ceux qui les ont inventés, c’est-à-dire les Occidentaux. Que cette instrumentalisation, dont l’efficacité auprès des opinions publiques occidentales ou orientales n’est plus à démontrer, se produise simultanément à une radicalisation d’une partie des opinions publiques occidentales sur la question des droits de l’homme ici et ailleurs ne laisse rien augurer de bon pour l’avenir des relations internationales. Que cette instrumentalisation participe à un processus généralisé de discréditation du politique ne laisse rien augurer de bon pour les institutions démocratiques elles-mêmes.