"Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin." Charles Péguy

07/03/2011

Présentation de mon blog à Notre Dame du Net


Etoile de la mer voici la lourde prose
Et la virtuelle foule et l’océan des signes
Et l’inconstante plume et nos lecteurs indignes,
Voici votre regard sur cette vaine chose
Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos vies comparées
Voici que devant vous nos doigts désemparés
Sur Google s’autosearch et déversent la haine.
Etoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous sombrons sous votre illustre cour,
Et voici le radeau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Un sanglot rôde et court par toute connexion.
A peine quelques « j’aime » font comme un archipel.
Du fil rss retombe une sorte d’appel.
Le roman homérique  devient autofiction.

Ainsi nous pataugeons vers votre cathédrale,
Croyant être malins nous sommes des jeunes cons
Qui crânons et fuyons la vraie confession,
 Apôtres consternants d’un vide sidéral.
Dix ans de ces blogueurs ont fait de l’Internet
Un déversoir sans fin pour les âges nouveaux.
Déni de votre grâce a fait de ce réseau
Un cauchemar sans fin pour l’homme qui s’entête.
Quand nous aurons posté nos ultimes messages,
Quand nous aurons éteint l’écran et le PC,
Quand nous aurons jeté l’Ipod et le clavier,
Veuillez vous détourner de nos longs bavardages.
Quand nous retournerons en cette froide terre,
Ainsi qu’il fut prescrit par le premier Adam,
Veuillez nous racheter nous les geeks paradant,
Et pardonner très vite tous nos vains commentaires.
Quand on nous aura mis dans une étroite fosse,
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe,
Veuillez vite oublier, reine de la promesse,
Nos longs cheminements depuis le MS-DOS.
Quand nous aurons quitté ces bits et ces record,
Quand nous aurons blogué nos derniers bloguements,
Quand nous aurons posté nos derniers postements,
Veuillez vous rappeler votre miséricorde.
Nous ne demandons rien, refuge du blogueur,
Que la dernière place en votre Purgatoire,
Pour rire longuement de notre post-Histoire,
Et contempler de loin votre jeune splendeur.