"Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin." Charles Péguy

01/07/2009

Confessions sous une burqa

AVERTISSEMENT

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L’auteure de ces « confessions » et ces « confessions » elles-mêmes sont certes imaginaires. Pourtant, non seulement des femmes comme l’auteure de ces confessions peuvent exister, mais elles le doivent dans notre société au vu des circonstances dans lesquelles celle-ci s’est édifiée. J’ai voulu présenter au public, avec un peu plus de force que de coutume, un de ces caractères qui appartiennent à notre présent. Cette femme est la représentante d’une génération en survie. Le personnage se présente, lui-même et sa façon de penser, et semble chercher à retrouver les causes qui l’on produit, et devaient le produire dans notre monde.

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FP (avec l’aide de FD)

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Ces notes, j’ai décidé que personne ne les lirait. Jamais. C’est à moi qu’elles appartiennent. Même mon cher mari n’y posera jamais son regard. Si c’était possible, je voudrais que l'entrée de mon coeur soit scellée pour toujours et pour le Trés-Haut Lui-Même, béni soit-Il.

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Quant à tous ceux qui s’excitent aujourd’hui sur mon sort à la télé, qui s’apitoient ou me couvrent d’injures, et parfois même les deux à la fois, je jubile de les imaginer en train de s’éveiller brusquement en pleine nuit, après un horrible cauchemar pendant lequel ils auront tenté de lire en vain sur mon invisible visage les raisons pour lesquelles j’ai choisi de porter ma chère Burqa plutôt que d’exposer mon visage à la vue de n’importe qui. Je dis ils, mais ce sont elles surtout. Toutes celles qui prétendent me donner des leçons de savoir-vivre. Qui prétendent savoir mieux que moi ce qui est bien pour moi. Oh, je les connais. J’ai été l’une d’entre elles. Moi aussi j’ai montré mon corps, moi aussi j’ai voulu être la plus belle pour aller danser. Je me souviens du rouge à lèvres et des push-up que l’on essayait en cachette, les copines et moi, après le collège, chez Malvina, quand on séchait l’initiation au latin, en 5ème. La mère de Malvina, elle avait tout ce qu’il fallait, des strings et des tangas, et même des porte-jarretelles, ce que ça nous faisait rigoler d’essayer ça. On imaginait l’affolement des mecs, on se trouvait vachement sexy, des filles fatales qu’on était, chacune d’entre nous. Qu’est-ce qu’on riait, qu’est-ce qu’on était bien toutes ensemble! Rosa, rosa, rosam, c’était nous et personne d’autre, c’était ici et nulle part ailleurs.

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Bien sûr après, c’est vite devenu moins drôle. Les mecs, c’est des salauds, les filles, des salopes. Voilà le fond de ma pensée. Malvina surtout. Putain, y’en avait que pour elle. J’avais beau faire tous les efforts, y’avait toujours un bourrelet qui dépassait ici, un bouton qui poussait là ! Les mecs y me calculaient même pas, sauf pour rigoler de mes tares, ces tarés. J’avais grandi et forci tout d’un coup et je savais pas quoi faire de mes bras et de mes jambes immenses, de cette bidoche qui gonflait autour du piercing au nombril. Les jeans taille basse, et les strings apparents, ça changeait rien au problème. Au contraire. Un jour, en allant au bahut, je les ai entendus derrière moi, ces deux connards. Kevin et Moussa. Y se foutaient de ma gueule ouvertement, ces racailles. Eh, machine, arrête de faire semblant dèt belle ! Eh, ca déborde de partout, la grosse, faut nous tasser tout ça ! Eh, c ou que je dois mett’ les mains, j’reconnais rien dans ce bordel, faut ranger tes affaires la radasse. Je leur aurais arraché les yeux. Ces petits cons impubères. Les mêmes qui copiaient abondamment sur moi pendant les dictées, des analphabètes. Je les laissais faire, j’espérais seulement qu’ils allaient s’intéresser un peu à moi. Je pouvais bien me brosser longtemps, idiote que j’étais. Y s’en foutaient bien de ma gueule de grosse vache ! Y’me traitaient de victime et d’intellectuelle. Pourtant j’étais pas la plus moche, loin de là ! Mais ça me fatiguait de faire la belle ! De passer des heures à lutter pour en foutre plein la vue des mecs et des autres pétasses. Toujours se battre! Moi ce que j’aimais au fond, c’est passer du temps dans les livres, réfléchir bien tranquille chez moi ! J’ai lu tout les misérables ! La beauté, c’est intérieur ! Voilà ce que je sais.

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J’ai pas que des mauvais souvenirs à l’école, faut pas croire. Stéphanie, ma maitresse de l’école Paul Eluard, en CM2, je suis sûre qu’elle se souvient de moi ! Un jour elle avait lu ma rédaction sur la liberté, c’est moi qui avais choisi le sujet, devant tout le monde, elle m’a lu ! « La liberté intérieure c’est le bien le plus précieux sur cette terre, celui que tous les tyrans du monde ne pourront jamais nous enlever », voilà comment ça finissait. J’en rosissais de plaisir, en entendant la voix de la maitresse qui prononçait mes mots. J’y croyais à peine. Je sentais la chaleur sur mes joues, j’aurais tout donné pour qu’on la voie pas. Mon seul et unique triomphe dans cette société pourrie.

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Ces connasses qui donnent des interviews pour justifier leur choix de porter la burqa, je les méprise. Elles se vendent comme les autres. Moi, je ne mange pas de ce pain là. J’ai pas choisi de vivre cachée pour m’exposer à la télé dés qu’on m’en donne l’occasion ! C’est juste des putes comme les autres ! Et toutes ces « féministes » qui leurs tendent le micro, et qui se croient libérées, elles me font rire. A qui elles vont faire croire ça ! Regardez-les dépérir, tenter de garder à toutes forces l’illusoire beauté de leurs vingt ans ! Elles luttent, elles luttent pour pas sombrer. Mais derrière ma grille, je vois bien leur regard de haine quand elles fixent le cul bien ferme des petites jeunes qui attire le regard des mecs. C’est des grosses jalouses, et comme elles peuvent pas s’en prendre aux jeunes qui se foutent à poil, elles s’en prennent à nous. Elles voudraient bien faire la même chose que nous, renoncer au monde avant que le monde ne renonce à elles, j’ai lu ça un jour je sais plus où. Mais c’est juste qu’elles osent pas. Faut être courageuse pour ça. Sans l’aide d'Allah, le Béni et le Très-Haut, elles iront nulle part. La vertu c’est ce qu’il y a de plus précieux. Moi les mecs, je les emmerde. Leur regard se portera pas sur mon cul. D’abord, qu’est-ce qu’ils croient tous ces cons ? Que dans les bijouteries c’est les plus belles pièces qu’on étale dans les vitrines pour susciter la concupiscence des chalands ? Ben non ! Les bijoux les plus précieux, ils sont bien cachés au fond des coffres, on les expose que pour une clientèle choisie, les VIP, et pas pour tous les pécores qui passent dans la rue. Eh bien, nous derrière notre Burqa, c’est pareil ! C’est nous les plus belles au fond, mon cher mari c’est ce qu’il me répète, et si j’ai envie de le croire ça ne regarde que moi ! Quand il me déshabille, c’est comme un rituel entre nous ! Allah, béni soit son Nom, me pardonne ! Mon cher époux, il me demande ce que j’en pense de tous ces regards indécents sur moi dans la rue, si je me sens pas salie ! Je sens que ça l’excite un peu quand même toute cette attention qu’on me porte ! Lui-même il me regarde avec tant d’intensité et tant d’amour, j’en reviens pas. Son désir brûlant sur mon corps enfin dénudé, ça me venge de tous les Kevin et de tous les Moussa du monde ! Que c’est bon !

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Ceux qui m’accusent de faire la voyeuse derrière ma burqa, ils me font rire eux-aussi. Ils me reprochent de regarder et de ne pas être vue, d’être une profiteuse. Et c’est les mêmes qui passent des heures derrière leur télé, bien tranquilles, pour injurier le monde sans risque. Pendant que moi dans la rue, j’attire tous les regards, je me fais insulter! Alors, ils peuvent toujours y aller avec leur lâcheté. Tous ces islamophobes ! C’est pas moi qui prends des pseudos sur Internet pour me lâcher sur le catholicisme! Ils passent leur temps à regarder la vie passer de loin derrière les écrans, et ils me reprochent de me couper du monde ! C’est l’hôpital catho-laïcard qui se fout de la charité islamique !

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Je les entends hurler, et je ris, je ris, je ris enfin de me voir si belle en ce miroir ! Je suis la fleur la plus précieuse et la plus pure, celle que l’on dérobe aux regards des infidèles. Seule et nue sous mon voile, je jouis d’être la plus désirable!

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